Le Sénat français a lancé une contre-offensive budgétaire sans précédent contre l'Assemblée nationale, en reprenant presque entièrement les mesures votées sur la sécurité sociale pour 2026 — une bataille qui oppose deux visions radicalement différentes de la protection sociale. Le déficit de la Sécurité sociale a atteint 22,1 milliards d'euros en 2025, un saut spectaculaire depuis les 18,2 milliards d'euros de 2024. Et pourtant, les députés ont choisi de supprimer des économies de 3,8 milliards d'euros. La réforme des retraites, elle, est au cœur du conflit. La réforme des retraites — cette pierre angulaire du quinquennat — n'est plus une simple mesure fiscale. Elle est devenue un terrain de guerre parlementaire.
Le 13 novembre 2025, l'Assemblée nationale a voté une suspension jusqu'à janvier 2028 de la hausse de l'âge légal de départ à 64 ans — une décision qui a fait trembler les comptes publics. Mais le Sénat, dominé par la droite et le centre, n'a pas accepté ce compromis. Gérard Larcher, président du Sénat, a clairement affirmé : "Si l'Assemblée suspend la réforme, nous la rétablirons." Un message sans équivoque. Pour lui, ce n'est pas une question de politique, mais de responsabilité financière. "On ne peut pas voter un budget avec un trou de 22 milliards et dire qu'on va tout remettre à plus tard", a-t-il déclaré en commission.
Le ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a elle-même reconnu, dans un entretien au Parisien du 13 novembre, que "il y aura suspension" de la réforme "s'il y a un vote sur le budget". Une phrase qui a fait l'effet d'une bombe. Elle cherche à apaiser, mais en réalité, elle ouvre la porte à un blocage. Le Sénat, lui, refuse de jouer le jeu. Il considère que la suspension est une fuite en avant, et non un compromis.
La commission des Affaires sociales du Sénat, présidée par le sénateur Bruno Fuchs (Les Républicains), a proposé de rétablir le gel des prestations sociales en 2026 — une mesure que l'Assemblée avait supprimée à une écrasante majorité. Les allocations familiales, les aides au logement, les pensions de retraite… tout serait indexé sur l'inflation, sauf pour les pensions inférieures à 1 400 euros, qui seraient protégées. Une nuance subtile, mais cruciale : le Sénat veut limiter la casse, pas la supprimer.
Les députés, eux, ont préféré protéger les retraités en supprimant l'abattement fiscal de 10 % — un avantage qui bénéficie à 12 millions de personnes — et en le remplaçant par un forfait de 2 000 euros. Une mesure qui devait rapporter 1,2 milliard d'euros. Mais elle a été rejetée par 213 voix contre 17. Pourquoi ? Parce que les socialistes et les communistes ont vu là une attaque contre les plus modestes. "On ne taxe pas les retraités pour payer les déficits", a lancé la députée La France Insoumise Nadia Essayan lors du débat.
Autre point de friction : la hausse de la CSG sur les revenus du capital à 10,6 %. L'Assemblée l'a votée pour compenser en partie la suspension de la réforme des retraites — et elle devrait générer 2,8 milliards d'euros selon Public Sénat. Mais les sénateurs l'ont rejetée en commission. "C'est une taxe injuste", a déclaré le sénateur UDI Jean-Philippe Arrou-Vignod. "Elle frappe les épargnants, les petits porteurs, les retraités qui vivent de leurs placements. Ce n'est pas la solution."
Le gouvernement, lui, ne voit pas les choses ainsi. Selon les chiffres du Secrétariat d'État chargé des Comptes publics, M. Bazin, un transfert de 1,8 milliard d'euros du budget de l'État vers la Sécurité sociale a été validé pour compenser les pertes. Mais ce n'est pas suffisant. Et les sénateurs le savent.
Voici l'énigme : combien coûte vraiment la suspension de la réforme des retraites ? Le texte examiné par le Sénat le 29 octobre 2025 estime ce coût à 100 millions d'euros en 2026 et 1,4 milliard en 2027. Mais le Premier ministre, dans son discours du 14 octobre, a évoqué 400 millions et 1,8 milliard. Pourquoi cette différence ? Parce que le gouvernement inclut les départs anticipés : carrières longues, travailleurs de la nuit, professions pénibles… Leur exclusion dans le texte du Sénat fait chuter les chiffres. La vérité ? Le coût réel pourrait atteindre 1,9 milliard en 2027 — et 300 millions en 2026 — si l'on compte tout. Et personne ne sait encore comment le financer.
Le Sénat ne se contente pas de rétablir la réforme des retraites. Il veut aussi encadrer les arrêts maladie, en limitant leur durée à 90 jours sans justificatif médical renouvelé. Une mesure qui vise à réduire les abus — estimés à 1,5 milliard d'euros par an. Et il propose de supprimer la gratuité de la Sécurité sociale pour les retraités étrangers hors Union européenne, en leur imposant une participation minimale de 20 euros par an. "C'est équitable", assure le rapporteur. "Les Français paient, pourquoi eux non ?"
Le Sénat veut aussi rétablir la redevance de 10 % sur les retraités ayant des revenus supérieurs à 3 000 euros par mois — une mesure que l'Assemblée a refusée. "On ne peut pas faire payer les plus modestes pour sauver les plus aisés", rétorque un député PS.
La commission mixte paritaire (CMP) se réunira avant le 15 décembre. Si les deux chambres ne trouvent pas d'accord, l'Assemblée nationale aura le dernier mot — mais à quel prix ? Un blocage budgétaire serait catastrophique pour les caisses de la Sécurité sociale. Les prestations pourraient être payées en retard. Les médecins, les hôpitaux, les pharmacies… tous attendent les fonds pour payer leurs fournisseurs.
Le gouvernement est coincé. Il ne peut pas faire la guerre aux deux assemblées. Il doit trouver un compromis — et vite. Sinon, ce n'est pas seulement la réforme des retraites qui est en jeu. C'est la crédibilité de l'État tout entier.
Le Sénat estime que la suspension de la réforme des retraites creuse un déficit de 22 milliards d'euros de la Sécurité sociale, une situation insoutenable. Selon ses membres, maintenir l'âge légal à 64 ans est la seule manière d'assurer la viabilité du système à long terme. Sans cette mesure, les pensions pourraient être réduites dans les années à venir, ou les cotisations augmentées de manière brutale.
Les jeunes actifs, surtout ceux qui entrent sur le marché du travail, sont les plus touchés. S'ils ne savent pas à quel âge ils pourront partir à la retraite, ils ne peuvent pas planifier leur épargne. De plus, les générations futures devront supporter des cotisations plus élevées pour combler le déficit. Le système actuel repose sur la solidarité entre générations — et cette solidarité est mise à mal.
Le Sénat considère que cette mesure pénalise les épargnants modestes — notamment les retraités qui vivent de leurs placements — et non les riches. Les 2,8 milliards d'euros attendus sont jugés insuffisants pour compenser le déficit, et la mesure est perçue comme injuste. Les sénateurs préfèrent des réformes structurelles, comme le gel des prestations ou la réforme des arrêts maladie, qui ciblent les abus plutôt que les revenus légitimes.
Le chiffre varie selon les scénarios : 100 millions en 2026 selon le texte du Sénat, mais jusqu'à 400 millions si l'on inclut les départs anticipés (carrières longues, professions pénibles). En 2027, les estimations oscillent entre 1,4 et 1,9 milliard. L'écart vient de la méthode de calcul. Le gouvernement inclut tous les effets secondaires, tandis que le Sénat ne retient que les coûts directs. La vérité ? Le coût réel est probablement entre 1,5 et 1,8 milliard d'euros en 2027.
Si les deux chambres ne trouvent pas d'accord, l'Assemblée nationale imposera sa version — mais le déficit de la Sécurité sociale ne sera pas comblé. Les caisses risquent de manquer d'argent pour payer les prestations en janvier 2026. Les hôpitaux pourraient reporter les paiements aux fournisseurs, les médecins refuser les nouveaux patients, et les retraités recevoir leurs pensions en retard. C'est un risque systémique, pas seulement politique.
Ils ont rejeté l'abattement de 10 % non pas pour le supprimer, mais pour le remplacer par un forfait de 2 000 euros. Leur objectif était de simplifier le système et de mieux cibler les aides. Mais ce forfait avantage les retraités aux revenus élevés, tandis que les plus modestes, qui bénéficient de l'abattement, y perdent. Les députés de gauche ont vu là une injustice, et ont voté contre — même si cela réduit les recettes de 1,2 milliard d'euros.
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