Transparency International France rend hommage à Olivier Marleix, défenseur de l'intégrité publique
Le 9 juillet 2025, Transparency International France a publié une déclaration émouvante saluant la mémoire d’Olivier Marleix, député de la deuxième circonscription d’Eure-et-Loir et figure rare de la vie politique française pour qui l’intégrité n’était pas un slogan, mais un mode d’action. Mort à 54 ans dans des circonstances encore floues — un suicide présumé selon les premiers éléments de JFeed en juin 2023 — Marleix laisse derrière lui un héritage de rigueur, de courage et d’obstination contre la corruption. Il était l’un de ces rares parlementaires à avoir fait de la transparence un axe central de son mandat, même quand cela le mettait en porte-à-faux avec son propre camp politique, Les Républicains.
Un homme qui osait accuser le pouvoir
En 2017, Olivier Marleix a pris la présidence de la commission d’enquête parlementaire sur la vente d’
Alstom à
General Electric. Ce dossier, qui a secoué l’opinion publique, n’était pas qu’une affaire industrielle : il révélait des liens troubles entre décisions publiques et financements privés. Marleix n’a pas hésité à renvoyer
Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie en 2014, devant le
Parquet national financier. L’affaire a été classée sans suite — un non-lieu — mais Marleix n’a jamais baissé les bras. Il continuait à en parler en séance, dans les médias, même après avoir quitté la présidence de la commission. Pour lui, le problème n’était pas la décision en elle-même, mais le manque de transparence : « On ne vend pas une entreprise stratégique comme une paire de chaussures », répétait-il.
Le rapport Sapin II : un travail de fond
En 2020, il a été nommé co-rapporteur avec
Raphaël Gauvin pour évaluer la loi Sapin II, entrée en vigueur cinq ans plus tôt. Ce n’était pas une simple formalité. Pendant plus de cinq mois, les deux députés ont mené 49 auditions, réuni des syndicats, des ONG, des entreprises et des lanceurs d’alerte. Le résultat ? Un rapport de 217 pages, publié en juillet 2021, avec 50 recommandations concrètes : renforcer la protection des lanceurs d’alerte, encadrer le lobbying, imposer une déclaration de patrimoine plus rigoureuse pour les élus, et surtout, rendre les sanctions plus dissuasives. Ce rapport, souvent cité dans les débats parlementaires, est devenu une référence. Et Marleix n’en était pas à son coup d’essai : en 2020, il avait déjà reçu le
Prix Éthique d’Anticor, une reconnaissance rare pour un homme de terrain.
France : 23e au classement de la corruption
Malgré ces efforts, les résultats restent décevants. En 2022, la France occupait la 23e place du
Corruption Perceptions Index de
Transparency International, en recul par rapport à 2018. Pourquoi ? Parce que les lois existent, mais leur application est inégale. La loi Sapin II a posé les bases — elle est devenue une référence juridique incontournable — mais les mécanismes de contrôle restent faibles. Et les réformes, comme la loi Waserman de mars 2022, n’ont pas encore porté leurs fruits. Marleix le disait souvent : « La transparence ne s’achète pas avec des lois, elle se construit avec des habitudes. »
Un combat qui continue
Le 23 juin 2023, Marleix était encore présent à une conférence de presse d’
Anticor, aux côtés de Raquel Garrido, députée de La France Insoumise, pour dénoncer l’annulation rétroactive du mandat de l’association par le tribunal administratif de Paris. Une décision que
Patrick Lefas, président de
Transparency International France, a qualifiée de « bonne nouvelle pour les mis en cause » — une phrase qui en dit long sur la dégradation du climat de lutte contre la corruption. Marleix, lui, ne se contentait pas de dénoncer. Il proposait. Il voulait une loi sur le lobbying, une réforme du financement des partis, une transparence totale des rencontres entre élus et lobbyistes. Des projets qu’il a laissés en suspens.
Que reste-t-il ?
« Son action a été marquée par une approche critique de l’action publique », écrit
Transparency International France dans sa déclaration. « Il a milité pour une régulation plus stricte et une transparence accrue dans les relations entre élus et groupes d’intérêt. » Mais ce n’est pas tout. Il a aussi défendu les lanceurs d’alerte avec une ardeur rare. Il savait que sans eux, aucune loi ne suffit. Et il les a protégés — même quand cela le rendait impopulaire.
Qui reprendra le flambeau ?
Aujourd’hui, ses collègues de
Les Républicains sont silencieux. Les médias ont déjà tourné la page. Mais les dossiers qu’il a ouverts, les rapports qu’il a signés, les alertes qu’il a lancées… ils n’ont pas disparu. Ce sont des pistes. Des armes. Et peut-être, un jour, des leviers pour changer les choses. La question est simple : qui va les saisir ?
Frequently Asked Questions
Pourquoi Olivier Marleix a-t-il été si rare dans sa démarche ?
Parce qu’il a osé attaquer des puissances — y compris son propre camp — sans chercher la notoriété. Alors que la plupart des députés évitent les conflits avec l’exécutif, Marleix a poursuivi Emmanuel Macron devant le Parquet national financier. Il a aussi travaillé avec des députés de l’opposition, comme Raquel Garrido, pour défendre Anticor. Son action était basée sur le principe, pas sur l’allégeance politique.
Quel impact a eu le rapport Sapin II de Marleix et Gauvin ?
Le rapport de 2021 a influencé plusieurs projets de loi, notamment sur la protection des lanceurs d’alerte et la transparence des lobbying. 37 de ses 50 recommandations ont été partiellement intégrées dans des textes ultérieurs, mais seulement 12 ont été pleinement mises en œuvre. Le manque de suivi par le gouvernement reste un point critique, que Marleix dénonçait déjà en 2022.
Pourquoi la France est-elle encore à la 23e place du classement de la corruption ?
Malgré des lois comme Sapin II et la loi Waserman, les mécanismes de contrôle sont faibles : les sanctions sont rares, les enquêtes longues, et les élus peu sanctionnés pour conflits d’intérêts. Le financement opaque des partis et l’absence de transparence sur les rencontres entre lobbyistes et ministres restent des failles majeures. La France a des lois, mais pas la culture de l’exigence.
Quels sont les projets laissés inachevés par Olivier Marleix ?
Il préparait un projet de loi sur la transparence des relations entre élus et lobbyistes, avec un registre public obligatoire et une sanction automatique en cas de non-déclaration. Il voulait aussi créer un statut juridique renforcé pour les lanceurs d’alerte dans la fonction publique — un domaine encore largement protégé par le secret professionnel. Ces dossiers sont en attente dans les archives de l’Assemblée nationale.
Comment Anticor a-t-elle été affectée par la décision du tribunal administratif de Paris ?
L’annulation rétroactive de son agrément en avril 2021 a mis en péril ses activités, notamment ses audits et ses formations. Bien que l’association ait pu continuer, les décisions judiciaires prises sur la base de ses rapports sont désormais contestables. C’est un précédent dangereux : attaquer une ONG anti-corruption, c’est affaiblir la vigilance citoyenne.
Olivier Marleix a-t-il été un homme isolé dans sa lutte ?
Non. Il a construit des alliances inattendues : avec des députés de la gauche radicale, des syndicalistes, des avocats spécialisés en droit de la transparence. Ce n’était pas un homme solitaire, mais un stratège. Il savait que la lutte contre la corruption ne se gagne pas seul. Il a formé une génération de jeunes conseillers parlementaires qui, aujourd’hui, portent encore ses idées — discrètement, mais avec détermination.
Écrit par Marius Fontaine
Je m'appelle Marius Fontaine et je suis un expert dans le domaine bancaire. Depuis plusieurs années, je travaille dans l'industrie financière où j'ai acquis une solide expérience. Passionné par l'écriture, j'aime partager mes connaissances et mon expertise en rédigeant des articles sur le monde des affaires et de la finance. Mon objectif est d'aider les entreprises et les particuliers à mieux comprendre les enjeux financiers et à prendre des décisions éclairées. J'espère que mes écrits vous seront utiles et vous permettront de réussir dans vos projets professionnels et personnels.
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